Galerie Bouvry 2 - les Artistes en Minervois pendant les Grands Chemins 2012

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Galerie Bouvry 2

Grands Chemins > 2011 > Bouvry, Florence

Florence Bouvry crée une yourte "temple" dédiée à l'écoute des mémoires languedociennes" sur le principe du kiosque à musique, autrefois lieu de rencontre, d'échanges et de vie. Faisant référence aux traditions tibétaines, les drapeaux aux couleurs des quatre éléments (eau, air, terre, feu) sont imprimés de mots et d'images qui remémorent les mémoires languedociennes. Le souffle de l'air leur insuffle la vie. Les mémoires ainsi ré-animées bruissent et se dispersent au vent.
La yourte des mémoires languedociennes
Installée sur le domaine St Jacques d'Albas à Laure Minervois, La yourte des mémoires languedociennes commémore ce territoire traversé par les pèlerins, "Les migrants". Territoire aux origines préhistoriques, imprégné par les guerres de religion, la révolte des vignerons...
La révolte des vignerons
Dès le 6ème siècle av. J.C. les premières vignes sont plantées et réputées pour leur excellent vin (Cf. Pline, Cicéron....). Le vin du Languedoc s'exporte en Grèce, Turquie, Egypte et vers l'Italie. Au 19ème siècle, c'est la naissance des grands domaines viticoles, qui vont entraîner la mécanisation des tâches et la recherche du rendement, souvent au détriment de la qualité. En 1878, le phylloxéra envahit le département, entraînant la ruine de nombreux exploitants. En 1907, face à la mévente et l'effondrement des cours du vin, une révolte paysanne éclatait dans le Languedoc-Roussillon connue sous le nom de "révolte des vignerons" Elle sera la plus importante du 20ème siècle. La viticulture ne meurt pas, et les caves coopératives permettront aux plus pauvres de s'unir afin de mieux commercialiser leurs récoltes.
Pèlerin
Etymologie : Provenç. pelegrin, pelegri, pelleri, peleri ; catal. pelegri, peregri ; espagn. peregrino ; ital. pellegrino ; du lat. peregrinus, étranger, de pereger, parti pour un pays lointain, de per, outre, au-delà, et ager, champ.
Demandeurs d'asile, réfugiés, personnes déplacées dans leur propre pays, personnes sous la protection des Nations Unies… chacun de ses termes renvoie à une situation précise. Les effectifs de ces catégories ne cessent d'évoluer en raison des guerres et des violences qui se succèdent dans notre monde contemporain. Qu'ils soient réfugiés, déplacés, clandestins, sinistrés, illégaux ou légaux, "les migrants" assignés à ces catégories font alors l'objet de stigmates sociaux et polémiques publiques dans les opinions et les milieux politiques aussi bien en France et en Europe que dans le reste du monde " (Agier M., 2005, p. 97).
Pourtant, selon les articles 13 et 14 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies : - Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État. (Article 13 : 1) ; toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays (Article 13 : 2)
Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays (Article 14 : 1)
L'articulation de ces deux articles est essentielle : le 13-2 constitue une condition de la possibilité du 14-1 ; aucun droit d'asile, au sens moderne, n'est concevable sans possibilité de quitter son pays, donc de franchir une frontière internationale et d'entrer dans un autre pays.
La yourte des mémoires languedociennes commémore ces exodes qui ont imprégné, façonné, construit cette région "le Languedoc Roussillon" depuis les temps préhistoriques : Les Grecs, les Etrusques, les Volques tectosages (le peuple qui cherche un toit) s'y installèrent avant les Romains.
Les Cathares.
A l'origine de l'hérésie : des étrangers ?

Le premier lien des Cathares avec le thème de l'Étranger est d'ordre métaphysique : les âmes humaines, à l'origine des anges envoyés du ciel, enfermés dans les corps de boue fabriqués par Satan, sont étrangères au monde visible, terrestre, et leur retour vers leur patrie ne peut se faire que par l'intermédiaire des hérétiques. Les variantes de ce mythe sotériologique1, au coeur de la prédication cathare, donnent la clé même de la fonction des cathares " parfaits " dans l'économie du salut. Dans les sermons ou dans les traités antihérétiques, leur origine exogène et leurs liens avec des personnes et des communautés d'autres pays sont soulignés très tôt et avec insistance. Parmi les premières mesures de répression, figurent non seulement des sanctions spirituelles, les excluant de la communauté des fidèles orthodoxes, mais aussi des décrets civils qui les obligent à quitter leur ville, leur pays, sans parler du climat de la période inquisitoriale qui leur fait choisir également le chemin de l'exil. Les pèlerins-voyageurs, "Les migrants ", ont de tout temps emprunté les voies de communication. Ils utilisaient les moyens de transport existants (en particulier les fleuves). Carrefour éternel entre Méditerranée et Atlantique, entre péninsules ibérique, italienne et Europe du Nord,
le Languedoc-Roussillon
est traversé par de grands axes auprès desquels les hommes se sont installés et ont développé des sociétés : la Via Domitia , les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et le Canal du Midi. Un canal qui, dès sa mise en service, est utilisé pour le transport des voyageurs et du courrier. Un service de " malle-poste " est mis en place sur des bateaux empruntant le canal.....
Des Espagnols en exil.
Fin janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des Franquistes. Après trois ans d'un conflit qui a ensanglanté l'Espagne, les Républicains, vaincus, fuient sous la mitraille. C'est l'exil, " la Retirada ", la retraite. Devant l'afflux des réfugiés, les autorités françaises ouvrent les frontières. Un demi-million de Républicains passe les Pyrénées, accueilli dans les camps du littoral, puis transféré vers Bram, Montazels, Montolieu pour l'Aude. Au camp d'Argelès-(Pyrénées Orientales), le " camp " entre mer et barbelés est une installation sommaire, sans abri solide : on " campe " en plein air en février. Alors que les autorités françaises font montre de dureté, l'accueil de la population est empreint d'humanité pour ces réfugiés. Cette tragique migration explique le nombre élevé d'espagnols en Lauragais. Les migrations ont accompagné toute l'histoire de l'humanité. Les migrants / pélerins évoluant entre un " ici " et un " ailleurs " intègrent à leur vécu les sensibilités des sociétés qu'ils quittent et celles qui l'accueillent. Autant dire que les mémoires et identités migrantes reconfigurent la carte des échanges entre les humains.

 

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